Le PST-POP, lors de son Comité central du 15 février 2025, s’est prononcé largement en faveur de l’initiative « Sauvegarder la neutralité suisse » (Initiative sur la neutralité), ainsi que pour la constitution d’un comité de gauche en faveur de l’initiative.
Le PST-POP voit dans cette initiative un outil important à disposition de la classe travailleuse suisse pour signifier son refus de l’adhésion rampante de la Suisse à l’OTAN, de la reprise automatique par notre pays de sanctions arbitraires aux conséquences désastreuses pour les classes populaires, ici et dans les pays en question, ainsi que la volonté d’une Suisse non-alignée sur les politiques impérialistes et belliqueuses des impérialismes de l’Union européenne et des États-Unis. Le PST-POP réaffirme sans ambigüité que le soutien à l’initiative ne constitue en aucun cas un soutien à l’UDC. Bien au contraire : nous condamnons avec la plus grande fermeté la vision politique de l’UDC, qui ne sert pas les intérêts de la population, mais uniquement ceux de la classe dirigeante et de l’élite économique.
Non à l’adhésion de la Suisse à l’OTAN
Depuis le début de la guerre en Ukraine, le Conseil fédéral accélère le rapprochement de la Suisse avec l’OTAN. Un rapport publié en août 2024 et commandé par le Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) préconise sans détour d’assouplir notre neutralité pour se rapprocher davantage de l’OTAN, avec une participation plus active aux manœuvres militaires de l’alliance mais aussi l’autorisation d’exporter des armes, et d’être donc partie prenante des conflits. À Genève, un bureau de liaison permanent de l’OTAN a été ouvert – la première représentation d’une alliance militaire étrangère en Suisse. De plus, la Suisse a adhéré au projet Sky Shield, un programme de défense aérienne dirigé par l’OTAN en Europe et spécifiquement orienté contre la Russie. En rejoignant PESCO, la Suisse facilite également le transit des troupes de l’OTAN sur son territoire sans nécessité d’autorisation préalable. Cela constitue une violation manifeste du droit à la neutralité et aligne la Suisse sur les structures militaires de l’OTAN.
L’initiative sur la neutralité intervient donc dans ce contexte de fracture sur la question d’un rapprochement ou non, et à terme de l’adhésion, de la Suisse à l’OTAN ou aux projets militaristes en cours de développement par l’Union européenne. Il convient donc au PST-POP de se saisir de tous les outils à sa disposition pour empêcher ce rapprochement, et l’initiative en est un, puisqu’elle interdit explicitement l’adhésion à une alliance militaire. Ce combat fait évidemment écho à celui de nos Camarades qui, en Suède et en Finlande principalement, se battent contre l’adhésion de leur pays à cette alliance impérialiste et agressive, avec toutes les conséquences que cela porte à leurs peuples, en premier leur jeunesse appelée à servir militairement ses intérêts. Une lutte commune aussi avec les autres peuples du monde qui subissent les ravages des guerres impérialistes des Etats-Unis, délégués par procuration à l’OTAN.
Pour une Suisse non-alignée
Il faut le rappeler, pour un parti qui vise l’instauration d’une société socialiste, la neutralité ne fait pas figure de fin en soi, d’objectif final. Le PST-POP a inscrit le principe de neutralité dans son programme il y a plus de 70 ans, précisément dans le but de vivre dans un pays qui n’est pas aligné sur les forces impérialistes de ce monde. Pour autant, nous ne sommes pas dupes sur le détournement du concept de neutralité par la bourgeoisie suisse, et son application à géométrie variable. Elle a permis, à de nombreuses reprises, de ne pas se salir les mains tout en continuant à conclure des affaires bien lucratives pour l’élite économique de ce pays.
Ces actions constituent en réalité des affronts au principe originel de neutralité, que l’initiative permet de préciser. Les velléités atlantistes du DDPS citées plus haut sont également bien visible au sein du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), sous la houlette d’Ignazio Cassis, dont les affinités pro-Israël ne sont plus à prouver (il était vice-président du groupe d’amitié Suisse-Israël avant son élection au CF). Ces dérives du corps diplomatique suisse, ce sont les ex-ambassadeurs eux-mêmes qui les racontent le mieux : Georges Martin, ex-numéro 3 du DFAE dans son récent livre Une vie au service de mon pays2 ou encore Jean-Daniel Ruch, secrétaire d’État à la politique de sécurité, vertement critiqué pour avoir dénoncé la politique israélienne de colonisation et les rapprochements avec l’OTAN3.
Le monde qui nous entoure se recompose. L’axe impérialiste UE-USA se divise, tandis que les pays émergents s’organisent et tracent leur route vers un monde multipolaire, via les BRICS+ en premier, subsidiairement par des initiatives régionales de coopération (ALBA, Alliance des États du Sahel…). Le PST-POP milite pour une Suisse solidaire sur le plan international, qui promeut la paix et la coopération plutôt que les guerres et les dominations économiques. Le premier pas vers cet horizon est une Suisse non-alignée aux politiques impérialistes de l’Union européenne ou des Etats-Unis. Aujourd’hui, l’initiative sur la neutralité permet à la population suisse de montrer son refus de cet alignement systématique, qui ne fait qu’envenimer une situation géopolitique mondiale délicate qui laisse présager le pire.
Non aux sanctions arbitraires et criminelles
Nous le disons depuis longtemps : les sanctions économiques, en plus d’être inefficaces, affament les peuples et touchent prioritairement les conditions de vie des classes populaires dans les pays en question. Les peuples, déjà envoyé au front pour les intérêts impérialistes, se retrouvent une nouvelle fois victime des guerres par les sanctions économiques qui se répercutent sur eux. La Suisse applique machinalement les sanctions des impérialismes de l’Union européenne et des États-Unis depuis de nombreuses années, aux dépens de pays comme Cuba socialiste ou le Venezuela bolivarien, par exemple. Nous avons au demeurant franchi un palier supplémentaire en reprenant à notre compte le 15ème (!) paquet de sanction contre la Russie et la Biélorussie. Rappelons donc ici aussi que ces sanctions entraînent également des conséquences néfastes pour les peuples européens, appelés à subir l’augmentation drastique des prix suite à ces sanctions, dans le domaine de l’énergie et de l’alimentation principalement.
L’initiative sur la neutralité demande de « ne pas prendre de mesures coercitives non-militaires », c’est-à-dire des sanctions économiques. En revanche, elles restent possibles lorsque cela est du ressort des obligations envers l’ONU. C’est le cas dans la situation au Moyen-Orient, où Israël viole en toute impunité le droit international avec sa colonisation de terres en Cisjordanie, le génocide commis à Gaza et les différentes pratiques de guerre interdites qu’elle pratique au Liban, en Syrie, au Yémen, etc. Le PST-POP estime qu’il s’agit d’un message fort que de mobiliser ce texte pour exprimer l’arrêt du soutien systématique des relations avec l’Etat génocidaire d’Israël.
Réunir un front et soutenir l’initiative
Le PST-POP s’engage à convoquer, dans les prochaines semaines, un comité national de gauche en soutien à cette initiative, qui porte un message de non-alignement à l’impérialisme étasunien et européen, de solidarité internationale et de paix. Seront conviés les associations, collectifs, partis et syndicats soutenant ce message.
Comité directeur du PST-POP
Le 17 mars 2025
1 Recommandations pour une politique de sécurité tournée vers l’avenir : la commission d’étude présente son rapport : https://www.admin.ch/gov/fr/accueil/documentation/communiques.msg-id-102256.html
2 https://www.letemps.ch/suisse/georges-martin-ex-ambassadeur-on-a-l-impression-que-la-suisse-a-disparu-des-radars?srsltid=AfmBOopn2PWjUudlGS_kF4yqK4c_V5U3sQL62tUypbmUKsI8o9PqvuGW
3 https://www.24heures.ch/le-paria-de-la-diplomatie-suisse-sexplique-sans-tabou-318457063697