Tout augmente aujourd’hui, mis à part les salaires, les retraites et prestations sociales. Après l’inflation, les hausses des prix de l’essence, de l’électricité, c’est maintenant une nouvelle hausse des primes d’assurance maladie qui est annoncée, de 6,6% en moyenne (mais pouvant dépasser les 9% pour plusieurs cantons). Cette hausse n’est pas seulement « désagréable » comme l’a dit le conseiller fédéral « socialiste » Alain Berset. Elle est insupportable, et constitue un scandale à un double titre.
Un scandale tout d’abord, car, en cette période de renchérissement généralisé du coût de la vie, une hausse supplémentaire des primes d’assurance maladie est insoutenable pour les classes populaires de ce pays, dont beaucoup de personnes ont d’ores et déjà de la peine à joindre les deux bouts. Les quelques mesures prises par le Conseil national, et encore rabotées par le Conseil des États, pour limiter les dégâts au niveau du pouvoir d’achat sont totalement insuffisantes. L’attitude du Conseil fédéral, qui prétend que l’inflation n’est pas si grave que ça, qu’il ne faudrait surtout rien faire, que les caisses de la Confédération sont vides (alors qu’il n’a aucune peine à trouver six milliards pour l’achat d’avions de combats étatsuniens dont l’utilité est pour le moins douteuse, et en contournant une initiative populaire valablement déposée) est tout simplement navrante. La préservation du pouvoir d’achat des classes populaires, des travailleuses et travailleurs qui produisent toute la richesse de ce pays, doit être, en ces temps de renchérissement du coût de la vie, une priorité politique absolue !
C’est un scandale absolu deuxièmement, car rien ne justifie cette hausse, car elle est le produit d’un système manifestement failli, et qu’une majorité du parlement laisse malgré tout en place, sans y apporter les corrections nécessaires, dans le seul but de préserver les intérêts lucratifs de quelques lobbies. Depuis l’introduction de la LAMal en 1996, les primes d’assurance maladie ont explosé, augmentant de 146%, sans aucun rapport avec l’évolution des coûts de la santé, qui ont cru de 82%. Tout cela est le résultat d’un choix politique, néolibéral, de rendre certes l’assurance maladie obligatoire, mais de la laisser aux mains d’un cartel de caisses privées ; plus généralement, de livrer la santé au marché, où le seul but poursuivi est le profit de quelques-uns, et non la santé publique.
Pendant des années, les caisses maladie privées ont pu mettre en œuvre une comptabilité opaque et des pratiques plus que douteuses, augmenter sans cesse leurs primes, accumuler des réserves colossales qu’elles placent sur les marchés financiers, payer (avec l’argent des assuré-e-s !) des salaires mirobolants à leurs dirigeant-e-s et des lobbyistes à leur solde au parlement. On nous dit aujourd’hui que ces réserves auraient déjà décru, mais elles se montent toujours à 163%, bien au-delà du minimum légal de 100%, ce qui est beaucoup trop et inacceptable. Les entreprises pharmaceutiques ont réalisé des profits record pendant la pandémie, parce qu’elles peuvent fixer des prix surévalués, sans aucun contrôle des pouvoirs publics. Un système de marché, rempli de mauvais incitatifs, fait de la facturation des soins médicaux une affaire lucratifs pour les prestataires de soins, au détriment du bien commun, ou du simple contrôle des coûts. Les chambres fédérales n’ont même pas été capables de forcer les caisses maladie à réduire leurs réserves scandaleusement gonflées. Le conseiller fédéral « socialiste » Alain Berset laisse passer tous les abus, et ne consacre son énergie qu’à défendre les intérêts particuliers des assureurs.
Si les dépenses de santé ne cessent d’augmenter, c’est aussi parce qu’il n’y a pas de contrôle sur les prix de la santé, outre le fait que de plus en plus de personnes tombent malades pour des causes directement ou indirectement liées à la précarité du monde du travail.
Il est temps d’en dire assez ! Nous ne pouvons tolérer une énième augmentation des primes ! Les subsides pour les assuré-e-s modestes sont indispensables, mais ne suffisent pas car ils ne résolvent pas le problème à la racine ! Les sections cantonales du PST-POP appellent à des rassemblements pour exiger :
- Un plafonnement des primes d’assurance maladie avec réduction immédiate des réserves
- Le développement des services et infrastructures de santé publiques
- Un contrôle étatique des prix des médicaments
- Un changement du système de facturation, pour qu’il soit centré sur une politique de santé publique, et non sur des intérêts lucratifs privés
- Orienter la médecine sur la prévention et la proximité et pas uniquement sur le traitement des symptômes
- Une assurance maladie publique et unique, avec des primes basées sur le revenu.
Les dates et lieux des mobilisations organisées par le PST-POP seront communiqués ces prochains jours.
Manifestation au Tessin le mercredi 5 octobre à 17h devant Helsana à Bellinzone – Viale Portone 2