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En cette année de la grève des femmes, qui se déroulera le 14 juin prochain, Lara, militante de 19 ans et Christiane, militante de 81 ans, nous parlent de leur façon d’appréhender le féminisme dans la vie comme dans le parti.

Quand est-ce que tu t’es rendu compte qu’il y avait une inégalité entre les hommes et les femmes?
Christiane Jaquet. : J’avais 7 ans et c’est mon père qui me l’a fait remarquer. Il allait voter et m’a dit «  Je vais voter, je suis le seul à pouvoir le faire, ta maman ne peut pas mais toi tu pourras plus tard, tu verras, on va faire des progrès ». Mais même s’il était progressiste, ça n’allait pas jusqu’au partage des tâches ménagères. Cela n’entrait pas dans l’égalité. C’était tellement ancré comme naturel que certaines femmes acceptaient la situation sans y penser.
Lara Zender : Il n’y a pas eu de moments précis, c’est surtout en voyant le sexisme ordinaire comme le partage des tâches ménagères, ce qui n’a donc pas changé depuis l’époque de Christiane.

Quel est le premier combat féministe qui t’a donné envie de t’engager ?
C.J. : L’égalité de salaire. Quand j’ai commencé dans l’enseignement, j’ai naïvement pensé que j’étais payée comme mon collègue masculin, qui faisait exactement le même travail que moi. Mais j’ai vite découvert qu’il était beaucoup plus payé que moi. J’ai d’ailleurs cru qu’il y avait une erreur et dans ma grande naïveté j’ai téléphoné au département pour la leur signaler. On m’a très sèchement expliqué que c’était comme ça. Les protestations se firent jour, un collègue, Fernand Petit député popiste, mena une lutte exemplaire à mes yeux tant à la société pédagogique vaudoise (SPV) qu’au Grand Conseil pour l’égalité salariale, mais ce fut long et difficile.
L.Z. : Il n’y a pas un combat particulier, je suis d’abord entrée aux Jeunes POP et c’est à travers les combats de cette section que j’ai commencé mes luttes pour les revendications féministes.

Selon toi Lara, qu’est-ce qui a été le plus dur dans le combat féministe de Christiane ?
L.Z. : Je pense que c’est le fait de voir des femmes qui ne voulaient pas de l’égalité. J’ai vu il y a pas longtemps le film « De la cuisine au parlement » (NDLR : film sur l’obtention du droit de vote des femmes) et il y a dedans des femmes qui sont contre le droit de vote pour les femmes. Je pense que c’est ça le plus dur, de ne pas se sentir soutenue par son propre genre.

Christiane tu confirmes ?
C.J. : Absolument !

Et pour toi Christiane, qu’est ce qui est le plus dur dans la lutte féministe de nos jours ?
C.J.: Je pense que c’est toujours l’égalité salariale. En tant que présidente de l’AVIVO, je vois bien à quel point les femmes qui ont gagné moins d’argent, qui ont travaillé à temps partiel ou qui n’ont pas deuxième pilier, le paient très lourdement au moment de la retraite.

Lara tu confirmes ?
l.Z.: Je pense qu’il y a ce problème mais pour moi c’est surtout d’entendre des paroles telles que  « mais maintenant c’est bon, il y a l’égalité » ce qui fait que les luttes paraissent moins importantes et qu’on se fait très vite taxer d’extrémistes. Nos luttes sont donc beaucoup moins prises au sérieux.

Christiane, toi qui milites depuis longtemps tu as quand même vu passer certaines avancées. Laquelle a le plus changé les choses selon toi ?
C.J. : Je parlerais du congé maternité. Ce fut très long et très difficile, il fallut s’y prendre à plusieurs reprises mais maintenant c’est un strapontin pour un congé paternité, c’est donc une avancée qui en amène une autre. Mais je me souviens bien évidement de l’obtention du droit de vote des femmes et des débats très vifs et parfois insultants. Il y avait quelque chose d’assez humiliant de voir les femmes attendre humblement leur mari devant le bureau de vote. qui allait décider si elles pouvaient voter. Mais la victoire fut fantastique, et finalement mon père avait raison, on y est arrivé.

Et comment voyez-vous le Féminisme au POP ?
C.J. : Quand je suis rentrée au POP on m’a tout de suite fait confiance, un accueil qui m’a plu. J’ai aussi beaucoup apprécié qu’on ne me renvoie pas à une section femmes, puisqu’il y n’y en a pas au POP. Avant d’entrer au POP, j’avais jeté un œil au PS et on a tout de suite voulu me faire entrer dans la section femmes.
L.Z. : Moi je viens de la section des Jeunes POP de Neuchâtel dans laquelle on était une majorité de filles, y compris aux postes à responsabilités. Et comme Christiane j’ai aussi eu le sentiment qu’on m’a tout de suite fait confiance, que ma parole était écoutée au même titre que celles des hommes. Je ressens vraiment qu’au parti on est camarades avant tout et ensuite on est un homme ou une femme. C’est aussi un parti qui présente des grandes figures féminines aux élections depuis toujours. Et pour les sections femmes j’ai l’impression que c’est un moyen de dire qu’on donne la parole aux femmes mais pour moi il s’agit d’une mise de côté et le danger c’est qu’on renvoie tous les sujets dit « femmes » à cette section alors que ce sont des sujets de société qui concernent tout le monde.

Une dernière chose à ajouter ?
L.Z. : Que j’en ai marre d’être traitée d’hystérique par certains hommes dès que je m’engage pour une cause.
C.J. : Ça, on l’apprend très vite en politique. Il faut trouver le ton, ne pas tenter d’imiter les hommes. La sincérité, les convictions, les indignations et les arguments des femmes n’en ont que plus de poids. Ou en usant de l’humour et de l’ironie par exemple, une aide appréciable..

Interview réalisée par Céline Misiego, parue dans le journal du POP « Résistance »

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