La victoire de l’initiative portée par les syndicats est historique : plus de 58% de la population votante et la majorité des cantons suisses ont approuvé ce dimanche 3 mars le principe d’une 13e rente AVS !

Au-delà de la victoire que cela signifie pour les syndicats et des perspectives politique que cela implique, le Parti suisse du Travail – POP se réjouit du clivage de classe évident que ce vote représente.

Seulement 25 initiatives populaires avaient passé l’étape décisive de la double majorité lors des votations depuis 1893. 25 sur 227 ! Le vote d’aujourd’hui est le résultat d’un vote de classe. Les partis bourgeois, jamais mieux nommés, ont peiné à défendre devant leur électorat le refus d’une mesure qui améliorerait à la fois le présent de milliers de personnes, et le futur de dizaines de milliers d’autres.

Les intérêts de classe priment

Dans un contexte de violente inflation, salarié.e.s et retraité.e.s voient leurs pouvoir d’achat diminuer et leurs conditions de travail et de vie devenir toujours plus difficiles. Les producteurs de la richesse, ouvrières et ouvriers, travailleurs et travailleuses agricoles, salariées et salariés des secteurs de l’enfance, de la santé, de l’enseignement, la victoire est celle d’un prolétariat qui s’est réuni pour défendre ses intérêts, en opposition évidente à ceux des capitalistes, actionnaires ou rentiers et rentières.

Assurance sociale la plus équitable, l’AVS oblige l’employeur et les plus hauts revenus à contribuer proportionnellement et sans plafonnement à la retraite de celles et ceux qui ont travaillé par le passé. Plus encore, elle opère une répartition des richesses, bien qu’insuffisante et différée. La victoire de ce 3 mars est une première étape vers un rééquilibre des revenus.

La lutte de classes : un enjeu toujours actuel

Cette réussite démontre une déconnexion de la classe capitaliste et un mépris presque naïf de la part des milieux bourgeois, ayant eu du mal à convaincre leur électorat. La gifle de l’initiative de la jeunesse libérale-radicale le confirme.

Lorsqu’au XIXe siècle se popularise le modèle de famille nucléaire au profit du capital, le patronat promet un revenu couvrant les besoins d’une telle famille, connaissant la nécessité pour la reproduction des forces de travail d’un travail domestique qu’il lui convenait de ne pas avoir à rémunérer. Mais aujourd’hui, deux salaires ne sont pas toujours suffisants pour boucler le mois, encore moins pour pouvoir mettre de côté pour la retraite. Comment prétendre demander à ce gens travailler plus longtemps ?

Voter l’attribution d’un 13e salaire n’est en fin de compte que récupérer une infime partie de ce que les capitalistes confisquent quotidiennement aux travailleurs.

Pour une retraite juste

La victoire de l’initiative pour une 13e rente ne peut être qu’un début.

La question des retraites touche au statut accordé au travail et à la place donnée aux retraités dans la vie sociale. Un projet progressiste pour nos retraites ne se contentera donc pas de rentes permettant tout juste de couvrir les besoins vitaux, mais visera à ce que les retraités aient une place à part entière dans la société, ce qui implique de consacrer davantage de ressources à cette période de la vie. Le PST-POP défend des mesures ambitieuses visant notamment une augmentation du volume des cotisations AVS afin d’augmenter le niveau des rentes, de renforcer la répartition au détriment de la capitalisation et de viser à terme la retraite à 60 ans, voir plus tôt pour les métiers pénibles.

Certes, sortir du système des trois piliers, ancré dans la Constitution, les lois et les mentalités depuis des décennies, représenterait un énorme changement pour la Suisse et il ne sera pas aisé d’y parvenir. Mais ce sera le seul moyen de répondre aux enjeux actuels tout en garantissant à chacun une fin de vie sans travail et dans la dignité, avec une pleine place dans la société.