Depuis le 7 octobre 2023, l’armée israélienne met la Palestine occupée, la Bande de Gaza mais aussi la Cisjordanie, à feu et à sang : blocus total de la Bande de Gaza ; bombardements indiscriminés à large échelle, ciblant des quartiers résidentiels, des hôpitaux, des mosquées, des églises, des camps de réfugiés, des infrastructures de l’ONU…réduisant la Bande de Gaza à un champ de ruines, livré à la dévastation, au manque total de nourriture, d’eau, d’électricité, des conditions les plus élémentaires de la vie humaine ; invasion terrestre, avec massacre indiscriminé contre le peuple palestinien ; prise d’assaut d’hôpitaux, condamnant les malades à la mort ; rafles et arrestations arbitraires ; tortures à l’encontre des prisonniers…Plus de 20’000 palestiniennes et palestiniens, dont une majorité d’enfants, ont été massacrés par l’armée israélienne. Et ça, ce sont seulement les morts recensés. Le chiffre réel doit être nettement plus élevé.

La propagande israélienne, complaisamment relayée par les médias occidentaux – qui répètent massivement ses mensonges factuels –, prétend que ce massacre innommable ne serait qu’une riposte (peut-être excessive) à l’opération Déluge d’Al-Aqsa, menée par une coalition d’organisations de la résistance palestinienne. Or, d’une part, la guerre n’a pas commencé le 7 octobre 2023. Elle dure depuis 1948, depuis les politiques de colonisation, de plus de 75 ans, et de nettoyage ethnique qui ont conduit à la Nakba, entreprise par le jeune État d’Israël contre le peuple palestinien : l’expulsion de millions de personnes de leurs terres ancestrales, les condamnant à une vie d’exil ; et à vivre sous le joug impitoyable de l’occupant pour celles et ceux qui n’ont pas été expulsés. C’est une guerre asymétrique, qui oppose un oppresseur et un opprimé, un colonisateur et un colonisé. Le peuple palestinien a un droit légitime à résister – garanti par le droit international –, y compris par la force des armes, contre l’oppression qu’il subit. A contrario, l’État d’Israël n’a pas de « droit à se défendre », qui ne serait qu’un droit de la puissance occupante à écraser le peuple dont elle occupe la terre.

Comme l’avait dit Nelson Mandela, « c’est toujours l’oppresseur, non l’opprimé, qui détermine la forme de la lutte. Si l’oppresseur utilise la violence, l’opprimé n’aura pas d’autre choix que de répondre par la violence ».

A ce titre, l’opération Déluge d’Al-Aqsa était une réponse de la résistance palestinienne à des décennies d’oppression et d’exterminations. Ce qui n’enlève rien au fait que les crimes de guerre visant les civils sont inacceptables, quel qu’en soit l’auteur.

Et d’autre part, ce qu’a fait Israël ne peut en aucun cas être qualifié de « riposte » ou de « défense », ni de guerre contre le Hamas et d’autres organisations de la résistance palestinienne. Il faut appeler les choses par leur nom : il s’agit d’un génocide, perpétré d’ailleurs au mépris de la vie même des otages israéliens, qui sont nombreux à avoir été tués dans les bombardements. Des responsables politiques israéliens ne cachent plus que le but de la manœuvre est d’occuper durablement la Bande de Gaza, d’y rendre la vie impossible pour tout être humain, de forcer sa population à l’exil dans d’autres pays. Un nettoyage ethnique, ni plus ni moins.

Si ce génocide a suscité une réaction indignée parmi les peuples du monde, dont celui de notre pays, et des manifestations massives de solidarité avec le peuple palestinien, les gouvernements des pays occidentaux, à quelques exceptions près, ont adopté une position de soutien unilatéral et quasiment inconditionnel à l’État d’Israël et à ses crimes de guerre.

L’attitude de la Confédération a été innommable, bafouant les bases du droit international et même les obligations découlant de sa neutralité. Le PST-POP tout particulièrement les propos scandaleux du conseiller fédéral en charge des affaires étrangères, Ignazio Cassis, qui a explicitement justifié les crimes de guerre commis par l’armée israélienne, en prétextant qu’il serait trop difficile d’appliquer le droit international humanitaire dans une zone aussi densément peuplée que la Bande de Gaza.

Nous nous insurgeons fermement contre la volonté du Conseil fédéral et de l’Assemblée fédérale d’interdire le Hamas en tant qu’organisation terroriste. Certes nous ne soutenons en aucune manière politiquement le Hamas, dont le projet de société n’a rien de progressiste. Mais c’est l’État d’Israël qui devrait plutôt être classifié comme organisation terroriste dans ce cas. Cette interdiction est non seulement contraire à une politique de paix, mais n’a d’autre but que de criminaliser la résistance palestinienne, cautionnant ainsi le génocide. Nous condamnons énergiquement les velléités de couper le soutien financier à l’UNRWA, l’agence onusienne en charge des réfugié-e-s palestinien-ne-s, sans laquelle la situation serait bien pire encore. Cet alignement sur l’État d’Israël et sa politique de nettoyage ethnique – alors qu’aucun autre pays occidental n’a osé coupé le financement de l’UNRWA – est tout simplement innommable.

Nous dénonçons également la répression des pouvoirs publics et d’institutions académiques contre le mouvement de solidarité avec la Palestine : interdiction de manifestations, répression policière, licenciements…Cette répression est scandaleuse et inadmissible.

Pendant ce temps le massacre continue, après avoir tout juste été entrecoupé d’une courte trêve. Un massacre que le gouvernement israélien entend poursuivre. Un massacre qui risque d’ailleurs de dégénérer en guerre à plus large échelle, volonté exprimée par différents responsables politiques et militaires israéliens, mettant aux prises Israël, les USA, d’autres pays occidentaux potentiellement, face à la résistance palestinienne, d’autres mouvements de résistance, d’autres pays de la région…Le désastre serait incalculable. Il faut absolument éviter ce scénario. Pour y contribuer, la Confédération devrait a minima se conformer aux obligations découlant de sa neutralité, et pratiquer une politique de paix, plutôt que de s’aligner sur les USA.

Un cessez-le-feu est indispensable, c’est même la moindre des choses. Mais il ne serait être suffisant. Un retour au statu quo ante, ce ne serait pas la paix. Il n’y aura pas de paix sans justice. Pas de paix sans la fin de la colonisation, sans la fin du blocus contre la Bande de Gaza, sans la fin du régime d’apartheid, sans droit au retour des réfugié-e-s palestinien-ne-s, sans autodétermination du peuple palestinien. Le PST-POP soutient la juste lutte de libération du peuple palestinien, et exige que la Confédération change de politique, et, en lieu et place d’un soutien unilatéral à l’État d’Israël et à sa politique criminelle, s’engage pour l’application du droit international, la fin de la colonisation israélienne, le droit à l’autodétermination du peuple palestinien.