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La pandémie a pesé lourdement sur les moins aisés tout en faisant exploser la fortune des plus riches. Comment cela a-t-il été possible?

L’on a souvent entendu parler de l’explosion indécente de la fortune de l’homme le plus riche du monde, Jeff Bezos, propriétaire d’Amazon, pendant que les employés de son entreprise étaient soumis chaque jour aux dangers du virus. En Suisse, le processus a été similaire. Durant la pandémie, le nombre de milliardaires sur sol suisse est passé de 2 à 37 et ils ont vu leurs revenus augmenter de 29% entre avril et juillet 2020 selon Arcinfo du 7 octobre 2020.

Héritages

Pourquoi ces riches sont si riches? Selon le discours libéral, c’est parce qu’ils «prennent des risques». Une idée qui ne tient pas debout lorsque l’on sait qu’à l’échelle mondiale, 70% de la fortune est transmise par héritage et qu’en Suisse, la moitié des 300 personnes les plus riches ont gagné leur place dans ce classement uniquement en héritant selon les chiffres du syndicat UNIA. De plus, chez les plus riches de moins de 40 ans, la quasi totalité a hérité de sa fortune selon des chiffres de 2016 de la RTS. Mais qu’en est-il du reste de la population? En Suisse, selon UNIA, 10% des héritiers touchent les 3⁄4 de la fortune, tandis que la majorité de la population n’hérite de quasi rien. C’est ainsi que l’on en arrive à une situation où 1% de la population détient plus de 42% de la fortune privée en Suisse.

Ainsi, la richesse de la classe aisée de notre pays est principalement issue de l’héritage, dont l’imposition, déjà très faible, a connu une diminution ces trente dernières années. En effet, si en 1990, chaque franc d’héritage était encore taxé à 4,1 centimes, en 2020 ce taux est tombé à 1,4 centimes à l’échelle fédérale, selon une étude de l’Université de Lausanne, qui montre également que l’impôt sur la fortune à échelle fédérale a lui aussi diminué sur la même période1.

Revenus du capital

Mais lorsqu’elle n’est pas héritée, d’où provient la fortune de la classe bourgeoise de notre pays? Comme l’a montré Thomas Piketty dans ses divers travaux notamment sur le cas suisse, elle provient principalement des revenus du capital (placements en bourse et immobilier) pour le 0,1% les plus riches, et pour le 0,9% suivant, de très hauts salaires.

Pour ce qui est des très hauts salaires, ils ont aussi pu bénéficier de politiques à leur service. En effet, le taux d’imposition des revenus de plus d’un million de francs a baissé de cinq points entre 1990 et 2020, tandis qu’il est resté le même pour un revenu type de 75’000 francs selon l’Union syndicale Suisse2.

Et qu’en est-il des gains du capital sous forme d’actions boursières? En Suisse, ils ne sont pas imposés pour les investisseurs privés, et très peu pour les investisseurs professionnels. Mais même un très petit impôt ne convient pas à la classe capitaliste, qui, à travers ses nombreux représentants au parlement a décidé en catimini en 2021 la suppression du «Droit de timbre», soit le nom de cet impôt boursier, qui ferait perdre plus de 2 milliards à la Confédération. Cette suppression est actuellement combattue par un référendum.

Ruissellement: la grande illusion

L’explosion de la richesse des plus riches durant la pandémie ne doit donc pas surprendre, elle a été préparée par trente ans de politiques au service du capital. Alors que les salaires réels de la majorité de la population stagnent face aux hausses des primes d’assurance, des loyers et des transports, les revenus des plus riches bénéficient de plus d’avantages qu’il ne leur en faut. La preuve en est qu’en 2020, ce sont 95 milliards de francs, quasiment trois fois plus qu’en 1999, que les riches transmettront à leurs héritiers3.

Face à l’analyse des faits, les mythes du «ruissèlement vers le bas» des richesses, ou du «self-made man» qui devient milliardaire à partir de rien, apparaissent pour ce qu’ils sont, des illusions. Dans la réalité, on observe une concentration vers le haut du produit du travail de tous, qui fait ressembler de plus en plus la situation actuelle de la répartition des fortunes à celle existant au 19e siècle. Des propositions telles que celles du PST-POP pour instaurer une «Taxe Corona» sur les grandes fortunes permettent de lutter concrètement contre ce retour au Moyen-Age auquel aboutissent les politiques économiques libérales.

A travers l’UDC et le PLR qui les représentent en politique, les plus riches de notre pays savent défendre férocement leurs intérêts contre toute politique économique rationnelle. En effet, les solutions aux problèmes d’inégalités font consensus parmi la majorité des économistes, qui appellent notamment à taxer davantage les transactions financières, les hauts revenus et les héritages. Mais en Suisse, de telles politiques de correction de l’économie de marché ne passent pas la rampe politique. En 2015 par exemple, une initiative pour élever ce taux et renflouer l’AVS a échoué. Face à cela, les économistes lucides sont obligés de réinventer continuellement la roue et de prouver, étude après étude, la validité de ces politiques économiques face au discours libéral dominant.

L’initiative 99% soumise au vote le 26 septembre prochain constitue un pas important vers un équilibrage de la balance. En mettant dans le débat public l’opposition entre le 99% qui travaille, et le 1% qui profite des fruits de ce travail, elle contribue au renforcement de la conscience de classe du camp des travailleurs et à briser le mythe de la «classe moyenne»4, étape essentielle pour remettre la Suisse sur les rails du progrès social. Evidemment, cette énième proposition de correction de l’économie de marché est combattue par le camp bourgeois (en invoquant bien sûr… les «classes moyennes»!). Et si, demander des corrections de l’économie de marché ne suffisait plus et qu’il fallait maintenant (re)penser à comment la dépasser?

Article publié dans le journal Résistance, du POP Vaud par Paris Kyritsis

1 Brülhart, M. (2019) Les héritages en Suisse : évolution depuis 1911 et importance pour les impôts, https://www.socialchangeswit- zerland.ch/?p=1902

2 USS (2020) Verteilungsbericht, https://www.uss.ch/themes/economie/deta il/dossier-n-140-rapport-sur-la-repartition- 2020

3 Brülhart, M. (2019)

4 A lire sur le site du POPVaud:«Il n’ya pas de classe moyenne», https://popvaud.ch/2018/04/29/ny-a-de- classe-moyenne-ny-a-exploiteurs-exploites

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