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Ce 15 février 2020, cela fait déjà 21 ans qu’Abdullah Öcalan, leader reconnu du peuple kurde, est enfermé par l’Etat turc sur l’île-prison d’Imrali. Il y a été détenu bien souvent à l’isolement le plus total, sans possibilité de voir sa famille, ni même ses avocats, ce en violation flagrante de ses droits humains, comme de la loi turque elle-même. Il aura 71 ans le 4 avril 2020, ce qui pose un évident problème humanitaire par rapport à sa détention arbitrairement prolongée.

Cela fait 21 ans de trop ! Öcalan ainsi que l’ensemble des prisonniers politiques doivent être libérés sans délai ! Il s’agit en effet à l’évidence d’un prisonnier politique, coupable seulement d’avoir été le chef de la 29ème rébellion kurde du XXème siècle. Le gouvernement turc parle de « terrorisme ». Il s’agissait seulement de l’exercice du « droit de résister à l’oppression », garanti par la Déclaration universelle des droits de l’Homme face à une politique d’assimilation forcée et violente des Kurdes pratiquée par la dictature militaire en place alors en Turquie : interdiction d’utiliser la langue kurde, négation de l’existence même du peuple kurde, privation de tout statut national et de toute autonomie, répression féroce, volonté d’anéantissement culturel, et, si besoin est, physique. Les régimes qui se sont succédés ensuite en Turquie, ouvertement dictatoriaux, comme officiellement « démocratiques », ont refusé toutes les propositions d’ouverture de dialogue – malgré trois cessez-le-feu unilatéraux et un retrait temporaire de la guérilla kurde du territoire turc – de la part d’Öcalan, n’envisageant d’autre solution que la répression sanglante.

Depuis l’accession au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan et de son parti, l’AKP, au pouvoir – que certains médias bourgeois ont très longtemps présenté comme des « islamistes modérés », voire comme un modèle à suivre pour le monde musulman, les choses ont considérablement empiré et la Turquie a connu un processus d’islamisation et de dérive autoritaire. Le coup d’Etat raté en 2016 a servi à Erdogan de prétexte pour mettre en place des mesures d’exception, instaurant de fait un régime qu’il n’est pas abusif de qualifier d’islamo-fascisme. Une propagande fascisante étouffe aujourd’hui la Turquie, la répression y est généralisée, les procès truqués sont devenus la norme, et la liberté d’expression n’est que très approximativement respectée.

Au succès électoral du HDP, Parti démocratique du peuple (de gauche et pour les droits du peuple kurde), le pouvoir a répondu par une répression brutale. Les deux co-présidents du HDP ont été emprisonnés, comme des centaines de responsables et d’élus à tous les niveaux. Nombre de députés ont été destitués, comme presque tous les maires – pourtant démocratiquement élus – issus du HDP, remplacés par des administrateurs désignés par l’Etat, sans aucune prise en compte de la volonté de la population. L’action légale du HDP devient de plus en plus aléatoire. Et en 2016, l’armée turque s’est livrée à une véritable guerre civile contre le peuple kurde, multipliant les crimes contre l’humanité. Depuis, le Kurdistan turc est devenu une véritable prison à ciel ouvert. Une loi martiale de fait y règne, et les journalistes ne peuvent y accéder. Plus de 16000 prisonniers kurdes croupissent dans les prisons turques, dans des conditions de détention contraires au droit international, et même au droit turc : isolement, interdiction de recevoir la visite de leur famille, de voir un avocat, ou d’accéder à des livres (choses que pourtant le droit turc normalement garantit).

Parallèlement, dans l’intérêt de la politique impérialiste et criminelle de son régime, Erdogan n’a pas hésité à envahir militairement le territoire de la Syrie – un Etat souverain – pour bafouer dans le sang la volonté d’autodétermination des peuples du Rojava ; ainsi qu’à collaborer avec des groupes armés islamistes, Etat islamique compris.

Ces violations criminelles des droits du peuple kurde doivent cesser. Le PST-POP exige en premier lieu la libération immédiate et sans conditions d’Abdullah Öcalan, eu égard au caractère arbitraire de sa détention, de ses droits inaliénables que dans la mesure où il ne serait sérieusement être question d’une solution politique à la question kurde tant que le leader historique est injustement enfermé – tout comme la libération de Nelson Mandela était indispensable pour mettre fin à l’apartheid.

Car une solution politique doit être trouvée. Le droit des peuples à l’autodétermination est tant un principe politiquement incontestable – qui ne peut être outrepassé qu’au prix de la plus totale injustice et d’une oppression insupportable – qu’une notion reconnue et incontournable du droit international. Pour ce qui est du peuple kurde, ce droit n’a jamais été respecté, et est aujourd’hui bafouée de la pire et de la plus éhontée des façons par le régime d’Erdogan. Cet état de fait doit prendre fin. Le peuple kurde a le droit, comme n’importe quel autre, à son autodétermination. Un statut politique doit être défini pour le Kurdistan, dans le respect de la démocratie, de façon à garantir les droits politiques, culturels, nationaux et sociaux du peuple kurde, comme de tous les peuples de la région.

Nous condamnons résolument la complicité, criminelle dans ses conséquences, des Etats occidentaux avec le régime d’Erdogan, et leur façon hypocrite de fermer les yeux sur l’oppression que subit le peuple kurde quand cela les arrange. Ces Etats n’hésitent pas même à collaborer avec l’Etat turc de fait pour réprimer le mouvement kurde sur leur propre territoire. Les manifestations pour la libération d’Öcalan ont été brutalement réprimées en Allemagne ces derniers jours. La police allemande a même interdit les symboles et slogans représentant les valeurs du peuple kurde. Il s’agit d’une grave et inacceptable attaque contre la démocratie. Nous appelons la Confédération à cesser sans complaisance envers le régime d’Erdogan, de se rappeler des exigences du droit international et de s’engager pour qu’il fût enfin respecté.

Notre Parti sera toujours aux côtés des peuples qui luttent contre l’impérialisme, contre toute forme d’oppression, pour leur émancipation démocratique et sociale.

Parti Suisse du Travail, le 15 février 2020

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